Samedi 28 septembre 2013 j’ai publié une tribune sur Rue89 initalement baptisée « Internet, la 9ème commission permanente » et retitrée par l’équipe éditoriale « Le Parlement doit devenir le lieu central pour « gouverner avec Internet » ». Citée par Electron Libre et par Numérama cette tribune a donné lieu à un certains nombres de commentaires et remarques sur les sites respectifs, sur twitter, par mail et par oral, dont j’essaye de faire ici une 1ère synthèse. Elle sera suivie d’une seconde relative aux critiques émises.
1- L’idée en soi n’est pas neuve, ce qui est plutôt une bonne nouvelle.
Comme il l’a signalé lui-même sur son compte twitter Laurent Chemla l’avait évoquée sous forme de question dans un article publié sur Reflets le 27 juin 2012. Au terme de cet article, que je n’avais pas lu, il pose la question « Pourquoi, aujourd’hui, n’y a‑t-il pas comme pour les finances, la culture, le droit, le développement durable et que sais-je encore, une commission permanente des affaires numériques à l’Assemblée Nationale, dans laquelle nos députés, de tout bord, pourraient préparer ensemble des textes qui tiennent enfin compte des enjeux fondamentaux qui influencent aujourd’hui les vies de tous les citoyens ? Honnêtement, je ne comprends pas ».
Toujours sur Twitter, on soulignera la réaction constructive de Christian Paul, qui invite dans la foulée à reconsulter la position « Mener les batailles politiques du numérique » de « la gauche durable ».
@EricWaltR @Rue89 @lauredlr @pbloche @christianpaul58 @TeamIsaAttard Je revendique l’antériorité de l’idée ! http://t.co/58T5a2Dt48 #voleur
— Laurent Chemla (@laurentchemla) September 28, 2013
2- Le recours à une modification constitutionnelle n’est pas nécessaire.
C’est sans doute là le point le plus intéressant, en cela qu’il facilite (relativement) la mise en application de l’idée sous différentes formes. En réalité, une seule modification des règlements du Parlement permettrait d’atteindre l’objectif.
2.1- Soit en fusionnant deux commissions permantentes à l’Assemblée nationale à l’instar du Sénat.
Cette hypothèse a été à la fois soulignée sur Twitter par @TeamIsaAttard et @S_LeGoff.
@EricWaltR @lauredlr @pbloche @christianpaul58 @laurentchemla Pas nécessaire toucher Constit, fusion possible Défense & Aff Etrangères FT
— Team Isabelle Attard (@TeamIsaAttard) September 28, 2013
@S_LeGoff et en plus on redescend niveau règlement des chambres sauf erreur de ma part ce qui reste + simple que modifier la constitution 😉
— Eric Walter (@EricWaltR) September 30, 2013
De fait, lorsque la Constitution limite à 8 le nombre de commissions permanentes, le Sénat n’en compte que 7 tandis que l’Assemblée nationale en compte bien 8. La différence tient en effet aux thématiques défense et affaires étrangères, réunies en une seule commission au Sénat. Au temps pour moi 😉 la prochaine fois je compterai mieux !
2.2- Soit en créant une commission transversale à l’instar de la Commission des affaires européennes.
Cette idée a été évoquée à la fois sur twitter toujours par @S_LeGoff comme par téléphone par des magistrats qui avaient pris connaissance du texte.
@EricWaltR c’est une commission type
On se reportera en particulier à ce document de l’Assemblée nationale pour en savoir plus sur les caractéristiques de cette commission. L’une des particularités les plus intéressantes en matière de transversalité est celle soulignée par @S_LeGoff dans les échanges twitter :
@S_LeGoff absolument, quelqu’un m’a fait la remarque tout à l’heure, il faut que j’explore un peu plus avant ce type particulier
— Eric Walter (@EricWaltR) September 30, 2013
On notera que, si elle ne peut pas être « saisie au fond » d’un projet de Loi, la Commission des affaires européennes peut émettre des « avis ». Cette formulation d’avis était, dans mon esprit, le principal objectif de la création d’une commission permanente en ce sens que très peu de lois ne concernent que Internet, le web ou le numérique (les trois étant distincts), limitant d’autant les possibilités pour cette commission proposée d’être « saisie au fond » d’un projet.
Il y a, en réalité, peu de différences entre une commission permanente dont la principale activité se résume à s’auto-saisir pour avis, et une commission transversale dont la vocation est large et inclut la possibilité d’émettre des avis.
3- Une proposition de résolution en lieu et place d’une modification constitutionnelle.
Qu’il s’agisse de l’hypothèse « fusion » ou de l’hypothèse « création d’une commission transversale », on parle alors d’une modification des règlements du Parlement. Celui de l’Assemblée nationale et celui du Sénat.
De ce que j’en comprends (mais je ne suis pas spécialiste de ces questions), les modifications des règlements doivent faire l’objet du vote d’une résolution de la chambre concernée. Ces résolutions sont encadrées par l’article 82 du règlement de l’Assemblée nationale et l’article 24 du règlement du Sénat. Elles sont examinées selon la procédure applicable aux propositions de loi en première lecture et, lorsqu’elles sont adoptées, elles doivent faire l’objet du contrôle du Conseil constitutionnel. Elles peuvent être proposées par le Président de la chambre concernée, par l’un ou l’autre des groupes parlementaires, comme par tout parlementaire à titre individuel.
En d’autres termes, et si ma rapide analyse ci-dessus est juste (ce qui reste à vérifier plus avant), l’existence d’une telle commission « internet » serait soumise à :
- le choix de sa forme (permanente ou transverse) ;
- l’élaboration et la proposition d’une résolution proposant la modification du règlement du Parlement ;
- le débat et le vote sur cette proposition.
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