D’emblée disons qu’il n’échappe pas à cet « effet hadopi » bien connu que l’auteure stigmatise elle-même, en étant « survendu » à la fois par le résumé de la 4ème de couverture et le communiqué de presse que j’ai eu l’occasion de consulter. Est-ce un mal ? Non, c’est de bonne guerre.
Le livre relate t’il « tous les épisodes cruciaux qui ont marqué l’Hadopi » ? Non. Lève t’il un voile sur de de supposés « manoeuvres, coups bas » ? Non. Les voies qu’il propose sont-elles « rapidement applicables » ? Non. De ce fait, par un juste retour des choses, il n’échappe pas à la critique qu’il formule à l’encontre de certains webzines. L’arroseur arrosé en quelque sorte. Un point partout, balle au centre.
Une fois ce « disclaimer » entendu, ce serait une erreur de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le livre mérite d’être lu avec attention, et compris pour ce qu’il est. Dans ce cas, à l’instar de la différence entre la photo d’un plat industriel et ce qu’on trouve en réalité dans son assiette une fois l’emballage jeté (recyclé c’est mieux !), non seulement on y apprend – à mon sens – des choses, mais encore il dépeint de façon intéressante le parcours atypique d’une personne qui a eu le courage de laisser de côté ses œillères pour se confronter à un univers inconnu et un sujet a priori à l’opposé de ses convictions.
Rien que ça c’est beaucoup. Le livre raconte une aventure humaine. A sa façon, avec le style très particulier de l’auteure, il donne des clefs pour comprendre le décalage souvent constaté entre l’attente citoyenne envers une administration, et la capacité de celle-ci à y répondre dans des délais que l’immédiateté d’internet rend de plus en plus contraints. Réfléchir à ce contexte plutôt que s’engager dans la critique aveugle est une proposition que fait le livre. Elle est intelligente.
Il livre ensuite une lecture vulgarisée des missions de l’Hadopi et de certains aspects du droit d’auteur et de la propriété intellectuelle. Comme toute vulgarisation, il n’échappe pas aux imprécisions ou aux omissions, pour autant pour le lecteur non averti il dresse déjà un panorama assez complet de ces problématiques d’une grande complexité, qui constitue une entrée en matière intéressante avant de se plonger dans la lecture approfondie du droit, de la jurisprudence, des conventions internationales etc.
Contrairement à d’autres vulgarisations que j’ai pu lire sur ces sujets (le net n’en manque pas …), il reste assez objectif dans son propos même si je regrette personnellement les coups de griffe portés de ci de là au détour de ces analyses. Ils n’étaient pas nécessaires et affaiblissent l’exercice.
Au final, le livre clôt d’une certaine façon le parcours « Hadopi » d’une internaute qui, après avoir consciencieusement critiqué la Loi à longueur de blog, a eu l’opportunité de travailler dans l’institution, a fait par ce moyen évoluer son point de vue sans pour autant renoncer à ses convictions profondes, et en est repartie de son propre chef pour maintenant partager cette expérience. Je le redis, non seulement c’est courageux, mais c’est aussi intéressant et à méditer, de beaucoup de points de vue, humains comme professionnels.
Il vaut la peine d’être lu.
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